Nous sommes, chacune et chacun, des colibris
Lors du séjour de plongée sous-marine en Bretagne fin août, au centre Sellor Nautisme de Larmor-Plage, les adhérents du club ont choisi de consacrer une soirée à une action simple mais essentielle : le ramassage des déchets sur la plage de Kerguelen. L’initiative n’avait rien d’obligatoire. Elle est née d’un accord tacite, comme une évidence partagée : il aurait été impensable de venir admirer la beauté des fonds marins sans se soucier aussi de la surface, de cette frontière fragile entre sable et océan.
Nous nous sommes avancés sur la plage espacés de quelques mètres, les yeux rivés au sol. Chacun ramassait ce qu’il trouvait : mégots de cigarette, fragments de plastique colorés, morceaux de polystyrène, papiers détrempés, tissus élimés. À mesure que nos sacs se remplissaient, un sentiment diffus grandissait : celui d’une responsabilité assumée, modeste mais réelle.
Comme souvent, c’est une légende qui nous a accompagnés : celle du colibri. Vous la connaissez : face à l’incendie qui ravage la forêt, l’oiseau minuscule transporte inlassablement quelques gouttes d’eau dans son bec. On se moque de lui ; il persiste pourtant, car il « fait sa part ». Cette image, simple et lumineuse, a trouvé un écho évident dans notre geste. Ramasser un mégot, un fragment de plastique, ce n’est pas éteindre le feu qui consume notre planète, mais c’est refuser l’indifférence.
Plutôt que de céder au découragement ou d’attendre des solutions venues d’ailleurs, chacun peut agir avec ce qu’il est, là où il se trouve. Nos gestes paraissent minuscules, et pourtant, leur addition dessine un changement possible. Ce soir-là, sur la plage, vingt et un personnes ont fait leur part. Je les remercie tous, sincèrement, pour cette contribution discrète mais précieuse.
Nous sommes, chacune et chacun, des colibris.
Pascal